La Méditation Assise Bouddhiste

Introduction à la méditation assise Bouddhiste

La pratique de la méditation assise Bouddhiste comporte trois aspects. Le fait d'être dans le corps est le fondement de la pratique. Le fait d'étiqueter nos pensées brise notre identification avec elles. S'ouvrir au cœur de l'expérience nous éveille à l'amour et à la compassion.

J'avais l'habitude d'approcher la méditation assise, et surtout les retraites, avec l'idée que la méditation était censée me faire ressentir une façon particulière de me sentir. Souvent, je voulais simplement me libérer de l'anxiété.

Par conséquent, j'avais rarement une idée claire de ce qu'était réellement la séance. Même maintenant, lorsque je n'essaie plus de ressentir quelque chose de spécial en étant assis, je trouve toujours utile de me réorienter de temps en temps vers ce que je fais exactement dans ma pratique de la méditation. 

Combien de fois avez-vous réalisé, en plein milieu d'une séance, que vous ne savez même pas ce qu'est la pratique de base ? Combien de fois vous êtes-vous demandé : "Qu'est-ce que je suis censé faire exactement ici ? 

Cette confusion fait partie du parcours normal de la pratique, ce qui est une bonne raison pour revoir régulièrement les instructions de base de la méditation assise Bouddhiste.

La pratique ne s'apprend jamais rien qu'en lisant ou en y réfléchissant.
Pour éveiller une clarté fondée sur une véritable compréhension, nous devons apprendre de notre propre expérience. Néanmoins, il est bon d'avoir un aperçu clair de ce qu'est la pratique de la position assise, même si elle est, en partie, conceptuelle.

Il ne s'agit pas de penser au corps, aux émotions ou à l'environnement, mais de les ressentir réellement.

La pratique de la méditation assise, peut être divisée en trois parties. Ces trois parties ne sont pas vraiment séparées et distinctes ; elles forment un continuum. Cependant, pour les besoins de la description, nous allons examiner ces trois aspects de l'assise comme s'ils étaient séparés.

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Méditation assise 1e étape : Être dans le corps

Le premier aspect de la séance est l'être dans le corps. C'est la base de la pratique. Lorsque nous nous asseyons pour la première fois pour méditer, nous adoptons une posture spécifique. Le point important n'est pas de savoir quelle posture nous adoptons, mais si nous sommes réellement présents à l'expérience physique. Être dans le corps signifie que nous sommes éveillés, conscients, présents à ce qui se passe réellement. Ainsi, même s'il est vrai que certaines postures sont propices à ce niveau de conscience, il est également vrai que nous pouvons méditer dans le métro, debout ou allongés dans notre lit.

Il est utile d'avoir une routine pour amener la conscience à la réalité physique du moment, surtout lorsque nous nous asseyons pour méditer pour la première fois.

Par exemple, lorsque je m'assois, je me demande : "Que se passe-t-il en ce moment ? Puis je touche à mon état physique, à mon état mental/émotionnel et aux données environnementales (température, son, lumière, etc.).

Cette vérification peut ne prendre que quelques secondes, mais elle me fait immédiatement sortir de mon domaine mental et m'ancre dans le monde physique plus concret. Il ne s'agit pas de penser au corps, aux émotions ou à l'environnement, mais de les ressentir réellement.

Méditation en pratique

Après cette vérification rapide, je reprends conscience de la posture en me disant : "Laisse la tête flotter vers le haut, afin que le bas du dos puisse s'allonger, s'élargir et s'assouplir." Ce rappel m'amène plus loin dans mon expérience corporelle. Tout au long de la période d'assise, chaque fois que je me trouve en train de tourner en rond dans mes pensées, j'utilise ce rappel pour ramener ma conscience au moment présent. L'essence de l'être dans le corps est simplement d'être là. 

Normalement, après m'être installé dans la position assise, j'apporte la conscience à la respiration de manière très concentrée pendant quelques minutes seulement. Je ne pense pas à la respiration, mais je prends conscience des sensations réelles de son entrée et de sa sortie de mon corps. Pendant cette brève période, lorsque des pensées surgissent, je ne les étiquette pas ; je rétrécis ma conscience pour me concentrer uniquement sur l'expérience de la respiration. La valeur de cette pratique est qu'elle me permet de m'installer en position assise. 

Nous essayons de voir et d'expérimenter la vie telle qu'elle se présente en la laissant simplement être là - sans opinions ni jugements.

Objectifs de la méditation assise Bouddhiste

Mais la valeur de cette pratique de concentration (ou de toute autre) - qu'elle peut exclure la vie - est aussi sa limite. La pratique consiste à s'ouvrir à la vie, et non à l'exclure.

Et même si la concentration continue sur la respiration peut nous faire sentir calme et détendue, ainsi que concentré et centré, ce n'est pas le but de la pratique assise.

Autant que nous aimerions avoir des expériences agréables ou spéciales, le chemin de la méditation consiste à être éveillé.

Il s'agit d'être éveillé à ce que nous ressentons. Il s'agit en fin de compte d'apprendre à être avec notre vie telle qu'elle est. Ainsi, même si les pratiques de concentration peuvent certainement être utiles par moments, nous aspirons à passer la plupart de notre temps assis dans une conscience plus ouverte.

La conscience ouverte est l'essence même de l'être dans le corps. C'est là que nous prenons conscience des sensations corporelles, des pensées, des états d'esprit changeants et des apports de l'environnement.

La pratique consiste simplement à être conscient, à observer et à faire l'expérience de ce qui se passe. Cette approche n'a vraiment rien de spécial - elle est très discrète. Nous essayons de voir et d'expérimenter la vie telle qu'elle se présente en la laissant simplement être là - sans opinions ni jugements.

Cette approche met en évidence la lutte sans fin entre le simple fait d'être ici et notre dépendance au confort et à la sécurité de notre monde mental.

Difficultés de la méditation assise 

Ce premier aspect de la simplicité d'être assis dans le corps est donc en fait très difficile. Pourquoi ? Parce que nous ne voulons pas être ici.

Une grande partie de nous préfère le rêve égocentrique de plans et de fantasmes. C'est ce qui rend cette pratique si difficile : la lutte constante, non romantique, non exotique, juste pour être ici.

Cependant, lorsque nous sommes assis en pleine conscience, lorsque le corps/esprit s'installe progressivement, nous pouvons commencer à entrer dans le silence, où les pensées passagères ne nous accrochent plus. Nous entrons dans le silence non pas en essayant d'y entrer, mais par un effort constant et doux pour être présents, permettant à la vie d'être juste.

Méditation assise 2e étape : Étiquetage et expérience

Le deuxième mode de séance est l'étiquetage et l'expérience. En s'asseyant, des émotions se font jour. Parfois, elles passent lorsque nous en prenons conscience. Mais parfois, elles exigent une plus grande attention de notre part. Lorsque cela se produit, nous devenons plus concentrés dans notre pratique. Avec précision, nous commençons à étiqueter nos pensées. De même, nous nous concentrons sur l'expérience de l'état corporel qui est une partie inextricable d'une réaction émotionnelle.

Lorsque les émotions se manifestent, nous pouvons nous demander : "Qu'est-ce que c'est ? La réponse à cette question n'est jamais analytique. Elle ne peut être obtenue par la pensée, car ce n'est pas l'objet de l'émotion. C'est ce qu'elle est. Nous nous tournons donc vers notre expérience elle-même, en remarquant où nous ressentons l'émotion dans le corps. Nous remarquons sa qualité ou sa texture. Nous remarquons ses visages changeants. Et nous en venons à savoir, comme si c'était la première fois, ce que l'émotion ressent réellement.

Nous en venons à constater que ces réactions émotionnelles - que nous craignons souvent et que nous préférons éviter - ne sont guère plus que des pensées crues et des sensations physiques fortes ou désagréables.

Invariablement, nous retomberons dans la pensée. Tant que nous sommes pris dans nos pensées, nous ne pouvons pas continuer à ressentir la composante corporelle de nos émotions. En fait, plus l'émotion est intense, plus nous aurons envie de croire nos pensées. La pratique consiste donc à étiqueter les pensées encore et encore, pour les voir clairement et briser notre identification avec elles. Cela implique presque toujours de faire des allers-retours entre l'étiquetage et l'expérience.

Apprendre à rester avec nos émotions - à y résider - de cette manière nous permet de voir comment la plupart de notre détresse émotionnelle est basée sur notre conditionnement, et en particulier sur les décisions et les croyances qui sont nées de ce conditionnement. Nous en venons à constater que ces réactions émotionnelles - que nous craignons souvent et que nous préférons éviter - ne sont guère plus que des pensées crues et des sensations physiques fortes ou désagréables. Nous constatons que lorsque nous sommes prêts à les vivre avec précision et curiosité, nous n'avons plus à les craindre, ni à les repousser. Ainsi, nos systèmes de croyance se clarifient.

Méditation assise 3e étape : L'ouverture à l'expérience

Le troisième aspect de notre pratique de la séance est l'ouverture au cœur de l'expérience. Dans les occasions où nous éprouvons des émotions denses, intenses ou même écrasantes, lorsque nous semblons si confus que nous ne savons même pas comment pratiquer - que pouvons-nous faire ?

Lorsque la précision de l'étiquetage des pensées n'est pas une option, la pratique consiste à insuffler la réaction douloureuse au centre de la poitrine.

Bien qu'à terme, nous devrons encore clarifier les pensées crues qui sont une partie inextricable de notre réaction émotionnelle, pour l'instant nous nous ouvrons simplement à nos peurs et humiliations les plus profondes.

Nous attirons nos sensations physiques tourbillonnantes, via l'inspiration, au centre de la poitrine, permettant à celle-ci d'être un conteneur de conscience pour nos émotions fortes. Nous n'essayons pas de changer quoi que ce soit. Nous apprenons simplement à vivre pleinement nos émotions.

Pourquoi ? Parce qu'en les ressentant pleinement, nous leur permettons de traverser les couches d'armure d'auto-protection et de réveiller notre cœur. Pleinement ressenties, nos émotions ouvriront la voie vers le puits profond de l'amour et de la compassion qui est l'essence de notre être.

C'est dans ces moments plus sombres, lorsque nous nous sentons dépassés, que nous sommes susceptibles de nous juger le plus sévèrement. Nous sommes susceptibles de consolider les croyances fondamentales les plus négatives à notre sujet, en nous considérant comme faibles, comme perdants, comme désespérés.

C'est à ce stade que nous avons le plus besoin d'un sens du coeur, de la bonté, de la légèreté, dans la pratique. Nous y parvenons en apprenant à respirer dans l'espace du cœur, ce qui nous permet d'éviter de porter un jugement implacable sur nos convictions profondes. En respirant dans cet espace, en perçant notre armure et en éveillant le cœur, nous pouvons nous ouvrir à une conscience plus bénigne envers nous-mêmes et la situation humaine. Nous pouvons commencer à nous identifier à nous-mêmes comme nous pourrions le faire avec un enfant sans défense en situation de détresse - sans porter de jugement, avec amabilité, tolérance et gentillesse.

Notre volonté de respirer dans le cœur, de rester dans cet espace pour un souffle de plus, nous montre notre force, notre courage de continuer.

Nous pouvons alors faire l'expérience par nous-mêmes qu'il est finalement possible de travailler avec tout. Ce n'est peut-être pas possible aujourd'hui, mais c'est possible.

En nous ouvrant au cœur de l'expérience, nous pouvons comprendre que tout est réalisable. C'est l'un des points clés de la pratique. Nos efforts pour être dans le corps, pour étiqueter et pour expérimenter, vont inévitablement "échouer" parfois. Nous connaîtrons des périodes d'aspiration et d'effort, suivies de périodes de sécheresse et d'apathie.

Les hauts et les bas dans la pratique sont prévisibles et inévitables. Le problème est que nous saisissons ces hauts et ces bas comme des occasions de nous juger nous-mêmes - en tant qu'échecs ou en tant que superstars.

La contre-mesure est toujours de simplement persévérer, de s'occuper d'un souffle de plus, d'étiqueter une pensée de plus, d'éprouver une sensation de plus, d'entrer une fois de plus dans l'espace cardiaque. Nous pouvons alors faire l'expérience par nous-mêmes qu'il est finalement possible de travailler avec tout. Ce n'est peut-être pas possible aujourd'hui, mais c'est possible. En fait, il faudra peut-être des années de travail dans les trois aspects de la pratique de l'assise pour que cette compréhension devienne réelle pour nous.

Jusqu'à présent, j'ai parlé de ces trois étapes de la méditation assise comme si elles étaient distinctes les unes des autres.

En vérité, bien que chaque mode implique un aspect différent de la pratique, ils ont une chose essentielle en commun : ils exigent tous que nous fassions l'expérience de ce moment présent. C'est ce à quoi se résume toujours notre pratique : le simple fait d'être là. En laissant continuellement la lumière de la conscience briller sur la confusion et l'anxiété du moment présent, nous brisons les circuits de notre conditionnement. C'est le lent chemin de transformation vers la liberté.

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